Leadership et musique : apprendre à jouer sa propre partition
Je le dis souvent : je suis une musicienne du leadership et du développement. Je compose avec les leaders, mais jamais seule. Parce que le leadership, ce n’est pas l’histoire d’un individu isolé, c’est l’histoire de ses relations.
Et si, au lieu de chercher la perfection impossible, on regardait le leadership comme on regarde la musique ?
1. Personne ne joue pour tout le monde
Il n’existe pas de musicien universel. Mozart, Beyoncé, Coltrane, Nirvana… chacun a son public. Certains adorent, d’autres détestent. Et pourtant, tous ont eu un impact immense.
Le leadership, c’est pareil. Tu ne plairas jamais à tout le monde. Tu ne seras pas le bon leader pour toutes les équipes, toutes les cultures ou toutes les missions. Et ce n’est pas grave. L’important est d’être fidèle à ton style et de créer de la résonance là où elle est possible.
2. Ed Sheeran dans le métro
As-tu déjà vu cette vidéo d’Ed Sheeran qui rejoue une de ses toutes premières performances ? Honnêtement, tu ne lui aurais pas donné dix centimes dans le couloir du métro. Aujourd’hui pourtant, il remplit des stades.
Le leadership, c’est la même histoire. Au début, tu doutes. Ton style est hésitant. Tes décisions paraissent maladroites. Peu de gens croient en toi. Mais si tu continues à pratiquer, à persévérer, à chercher ta voix… tu finis par créer un son unique qui touche les autres.
3. Le mythe du talent : les 10 000 heures
On pense souvent qu’un grand musicien est un génie né. La vérité est plus simple, et plus exigeante : il faut environ 10 000 heures de pratique pour devenir pianiste professionnel. Peu importe le “don” de départ.
Pour le leadership aussi. Il ne suffit pas d’avoir du charisme ou des diplômes. Il faut des heures de pratique : réunions menées, conflits gérés, décisions difficiles, erreurs corrigées. Le leadership n’est pas un don inné. C’est un art de la répétition, de l’endurance, de la progression patiente.
La musique des relations, mon vécu
Le leadership, ce n’est pas l’histoire du leader, c’est l’histoire de ses relations.
Moi, je suis une musicienne du leadership et du développement : je compose, mais jamais seule.
Et puis… il faut que je sois honnête : ces mots, cette partition, ça fait des années que je les pense, que je les imagine, que je les ressens. Et pourtant, ce n’est que l'autre soir, dans la voiture, en rentrant d’un long voyage, qu’il y a eu un déclic. J’ai compris que j’avais besoin de partager. De jouer. De danser. Ou même de chanter, si vous voulez.
Un peu tiré par les cheveux, oui. Mais ceux qui me connaissent savent que je suis assez décalée, parfois un peu dingue, sans pudeur face à mes imperfections. Et c’est ça aussi que je tente de transmettre : pas un leadership figé et parfait, mais un leadership vivant, relationnel, profondément humain.
Parce qu’au fond, comme la musique, le leadership n’existe que quand il résonne chez les autres.
5. Silence, improvisation et authenticité
La musique nous enseigne trois grandes leçons :
- Le silence fait partie de la musique. Beethoven disait : “La musique, c’est le silence entre les notes.” Pour un leader, le silence est l’espace de l’écoute, du recul, de la respiration collective.
- L’improvisation est une compétence clé. Quand une corde casse, un grand musicien continue à jouer, inventant parfois une mélodie nouvelle. Les leaders aussi doivent improviser quand la partition change, crise, imprévu, incertitude.
- L’authenticité touche plus que la perfection. Une note jouée avec émotion bouleverse davantage qu’une performance techniquement parfaite mais froide. En leadership, ton humanité et ta sincérité comptent plus que ton CV ou ton discours.
6. Solo ou orchestre
Un guitariste seul sur scène n’a pas le même rôle qu’un violoniste dans un orchestre. Les deux sont musiciens, mais leur contribution est différente.
En leadership, c’est pareil. Parfois, tu dois être soliste, porter la mélodie, être en avant-scène. Parfois, tu dois être chef d’orchestre, donner le tempo et coordonner les autres. Parfois encore, tu dois être musicien parmi d’autres, accompagnant une partition collective.
Le vrai leadership, c’est de savoir alterner ces rôles sans perdre ton identité.
7. Ton doute est ton accordage
Un violoniste accorde toujours son instrument avant de jouer. Un pianiste vérifie son clavier. Ce doute, ce contrôle, n’est pas une faiblesse : c’est une condition pour jouer juste.
Ton doute de leader joue le même rôle. Il ne prouve pas que tu es mauvais. Il prouve que tu ajustes ton instrument intérieur. Le doute, bien utilisé, est une force : il t’empêche de devenir rigide, il garde ton oreille sensible.
8. La scène et les coulisses
Le concert n’est que la partie visible du travail du musicien. Derrière, il y a les répétitions, les essais, les erreurs, les heures invisibles.
En leadership aussi. Tes équipes voient une décision prise. Elles ne voient pas les nuits de réflexion, les débats intérieurs, les échecs corrigés. Ne minimise pas ce travail de l’ombre : il fait partie de la musique que tu offres.
Conclusion : compose ta musique
Le leadership, comme la musique, n’est pas une quête de perfection mais une quête d’authenticité.
Tu n’as pas besoin d’être un prodige. Tu n’as pas besoin de plaire à tout le monde. Tu as besoin de composer, encore et encore, avec les autres.
Alors, à toi qui doutes : continue à jouer. Continue à répéter. Continue à chercher ton style. Parce que ton leadership, comme une chanson, finira par résonner exactement là où il doit.
Et parce que le leadership ne vit pas dans l’isolement mais dans les relations, j’aimerais lancer une invitation :
Vous avez travaillé avec moi, vous avez été dans mes équipes, vous m’avez croisée sur votre chemin… dites-nous quel leader vous êtes devenu. Quelles notes, quelles erreurs, quelles inspirations vous ont accompagné·e·s ?
Car au fond, ce n’est jamais seulement mon histoire, mais la nôtre.
Et je terminerai avec une phrase que j’adore, qui n’est pas de moi mais que je fais mienne :
“Sois toi, car tous les autres sont déjà pris.”
Amicalement,
Krumma